Située entre la route 1 et le glacier Vatnajökull, la lagune glaciaire de Jökulsárlón est l’un des joyaux de l’Islande. Ce lagon bien connu apparaît dans de nombreuses publicités, des films (Lara Croft: Tomb Raider, Batman Begins, James Bond Dangereusement vôtre…), et c’est l’un des sites touristiques incontournables lorsque l’on visite l’Islande. La beauté et la force du paysage, les icebergs descendant lentement des glaciers et flottant silencieusement dans le lac parcouru par les phoques laissent aux visiteurs des souvenirs inoubliables !
Minute culturelle…
Jökulsárlón signifie littéralement « lagune du glacier », il s’agit du plus grand lac proglaciaire d’Islande et, avec 260 mètres de profondeur, du lac le plus profond du pays. Le lagon s’est formé par le recul de la langue glaciaire du Breiðamerkurjökull, qui descend de la calotte glaciaire du Vatnajökull. Les blocs de glace dérivent sur le lac puis rejoignent l’océan par un petit bras de rivière.
A l’arrivée des premiers colons en Islande au Xe siècle, Jökulsárlón n’existait pas. En effet, les Vikings qui posèrent le pied sur cette île ne virent même pas le glacier de Breiðamerkurjökull, car il était 20 kilomètres plus au nord. Celui-ci a ensuite gagné rapidement de la surface pendant la courte période glaciaire de 1600 à 1900.
Puis, à partir de 1920, la tendance s’inverse avec une hausse des températures. Le glacier recule rapidement, entraînant la chute d’icebergs et la création d’un lac proglaciaire apparaît en 1934 ou 1935 (processus de vêlage). En 1975, la surface de Jökulsárlón fait déjà 7,9 km2 et elle passe à 30 km2 dans le début des années 2010. Elle devrait continuer à grandir ces prochaines années avec la disparition progressive du glacier, puis disparaître petit à petit à cause du réchauffement climatique. Il ne restera plus qu’un simple lac ou bien un fjord très profond.
Les icebergs que l’on trouve dans le lac font souvent quelques mètres, mais ils peuvent facilement atteindre 10 à 30 mètres de haut. Ces glaçons géants arrivent dans le petit fleuve et doivent donc passer sous la route 1. Il existe donc de nombreux risques de choc entre le pont et les icebergs et l’Etat islandais investit pour la protection de la route circulaire.
Relié à la mer par un petit fleuve, le lac est rempli de poissons qui arrivent de la mer lors des marées. Les phoques en profitent en se rassemblant à l’embouchure du lac pour les capturer ou bien se reposent sur les icebergs.
Il y a aussi de nombreux oiseaux de mer dans ce lac glaciaire comme les sternes arctiques, les goélands, les pingouins torda ou les eiders, qui nichent à proximité pour se nourrir des nombreux poissons qui nagent dans les eaux voisines. À Jökulsárlón, nichent également les Grands Labels ou Great Skua, qui sont de terribles prédateurs pour certains petits oiseaux, comme les macareux.
Un tableau surréaliste
Jökulsárlón est une étape obligatoire lorsque l’on voyage en Islande tant la beauté des paysages est saisissante. La scène est vraiment surréaliste et on arrive même à oublier les 40 photographes plantés sur la même colline et le tas de touristes à droite et à gauche. Je crois que la palme de la nuisance revient aux bateaux qui proposent un tour sur le lac, activité aussi inutile que bruyante. Heureusement, lorsque nous sommes arrivés en fin de journée, je pense que nous avons vu le dernier bateau sortir de l’eau. Ces bateaux-là n’ont pas de jambes mais des roues qui leur permettent d’embarquer les touristes sur la terre ferme. Bien que le ciel soit chargé, la lumière parvient à percer les nuages et illumine parfois les icebergs, mettant en valeur leur couleur bleutée, turquoise, blanche et même noire.
On passe bien une heure ou deux à surveiller ces gros glaçons et les phoques, puis on décide de passer la nuit à Fjallsárlón, le lac voisin, un peu moins spectaculaire mais bien moins fréquenté.
Fjallsárlón
Fjallsárlón, signifie en français la « lagune de la Fjallsá ». Ce lac proglaciaire est alimenté par la fonte du glacier Fjallsjökull et la petite rivière Breiðá qui vient du lac de Breiðárlón quelques kilomètres plus au nord-est. Le lac est dominé par le Hvannadalshnjúkur, le plus haut sommet de l’Islande (2 110 m). Ce lac sert de lieu de ponte directement au sol pour les skúas (grands goélands) pendant la saison estivale.
Le lieu est beaucoup moins fréquenté que le précédent et avec le début de la soirée, nous ne sommes bientôt plus qu’une poignée de veinards ébahis à rester, abrités dans nos véhicules ou dans une tente pour les plus courageux.
Passer la soirée (puis la nuit) face à ce spectacle peut paraitre incroyable alors que c’est très facile : le parking est situé à une centaine de mètre du lac. La lumière décroît lentement et une couleur bleu-gris domine le paysage jusqu’à ce que la nuit et le vent viennent s’emparer de ce tableau sublime, nous laissant avec le monde des songes comme si tout cela n’était qu’une illusion.