Ce petit joyau de l’urbex est ma première exploration urbaine en Italie. Dire que j’ai failli passer à côté en voulant resserrer le planning ! De l’extérieur, on n’imagine pas que ce vieux bâtiment austère puisse abriter de telles merveilles. Pourtant, le Castello dei Conti, dont les premières pierres furent posées au tout début du dix-septième siècle est une véritable œuvre d’art. Mais au-delà des magnifiques peintures murales, ce qui m’a vraiment séduit, c’est l’atmosphère particulière qui règne dans chaque pièce, la poussière qui s’amoncelle et des coffres vides dans quelques pièces, comme des témoins de la disparition des meubles et objets qui font la vie d’une maison.
Nous arrivons dans cette petite bourgade du Piémont vers midi et nous nous garons sur la place du village. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus discret, avec notre van aménagé aux couleurs d’Indie Campers, mais bon, on est des touristes après tout… Au premier abord, la visite semble compromise car le portail d’entrée, au centre du village est bien fermé. Passer par derrière est finalement très facile, on croirait même que l’accès au château par le champ voisin fait partie de certaines habitudes…
L’enchantement
Le parc n’est pas très grand mais la végétation abondante nous oblige à nous concentrer sur l’objectif : rentrer dans cette grande bâtisse qui est manifestement complètement abandonnée depuis bien longtemps. Nous n’irons donc pas faire le tour du « jardin » bien que, après renseignements, nous aurions pu trouver quelques vestiges. J’imagine qu’à une époque où ce « palais » était habité par les nobles de la région, le terrain était probablement plus grand et comprenait les fermes voisines.
Dès que nous pénétrons dans les premières pièces, la magie opère. La pierre, les voutes, les plafonds peints qui caractérisent la splendeur italienne. L’intérieur est manifestement dans un état de délabrement avancé, mais certaines pièces sont tout simplement merveilleuses. Le temps et la négligence n’ont pas réussi à faire disparaître l’enchantement que procure la découverte de cette belle bastide.
Un peu d’histoire…
À la fin du XVIIIe siècle, un lieutenant d’infanterie, dont la famille possédait déjà une bonne partie des environs, acheta cette propriété à un comte. Il fut anobli et devint comte à son tour. Ce petit palais était alors la résidence d’été de la famille qui vivait à Turin le reste de l’année. A l’époque où le Piémont était soumis à la France, son fils qui se distingua comme officier et archéologue, se retrouva à la tête de la commune. Il eut trois filles dont Teresa et Luisa qui se sont chargées de rénover le bâtiment, comme en témoigne une mosaïque datée de 1859.
Pour la suite de l’historique, les infos sont très vagues. Le château serait abandonné depuis les années soixante. On ne sait pas grand-chose sur le changement de propriétaire, et on ne sait pas non plus pourquoi la villa a été abandonnée. On peut bien sûr penser aux coûts de la maintenance ou des impôts qui doivent être fracassants.
Apothéose
L’apothéose de cette visite est sans aucun doute la découverte de l’impressionnant escalier central, aux murs recouverts de fresques en trompe-l’œil. Aucune pièce n’est vraiment immense mais cette cage d’escalier est vraiment monumentale !
La petite chapelle qui jouxte le château a son entrée principale sur la rue du village. J’y accède cependant par l’arrière et ce qui doit être la sacristie. À l’image de de la demeure principale, cette chapelle est restée dans son jus depuis de longues années. Visiblement, des générations de volatiles en ont fait leurs latrines…
C’est quand même étrange, en cette période où les riches sont de plus en plus riches, de voir de tels lieux laissés à l’abandon ainsi. Mais ces villas ont été transmises au sein des familles nobles, jusqu’à ce que les derniers héritiers soient dans l’incapacité financière d’entretenir de telles demeures. Aujourd’hui, les nobles ne sont plus riches… le pouvoir et la richesse appartiennent maintenant à de jeunes informaticiens, des industriels ou des héritiers chanceux qui prendront les bonnes actions mais aucun d’eux n’investira dans une telle ruine, en plein milieu d’un petit village qui s’est déjà habitué à voir passer des touristes d’un autre genre…
Cet article a 2 commentaires
Salut, c’est un atricle très bien 🙂 .
Merci !