Une usine sous acide

Voici une ancienne usine chimique comme il y en a eu beaucoup dans le bassin marseillais. À l’état d’abandon depuis sa fermeture en 2009, les projets de réhabilitation peinent à voir le jour et le traumatisme des ouvriers dépossédés, comme celui des riverains inquiétés par les problèmes environnementaux, est encore bien présent. À elle seule, elle représente bien les difficultés rencontrées par la filière industrielle locale : pollution, concurrence mondiale, clientélisme, profits et opérations immobilières…

Notez que je ne donne pas le vrai nom, ni d’adresse pour préserver la discrétion des lieux. La visite des lieux abandonnés s’effectue toujours sans dégradation, ni effraction. Les ruines et les friches peuvent être dangereuses et je n’encourage personne à les visiter. Chacun sa responsabilité.

Entrer sur le site a été d’abord été assez laborieux. Une fois passé un maigre grillage et descendu un talus, je me retrouve face à un grillage solide, haut et sécurisé par des barbelés en haut et en bas… Je trouve finalement un passage déjà forcé sous le grillage, sans ronce artificielle, la fin de l’après-midi est proche et la lumière va bientôt déclinée en ce début du mois de mars. Je me hâte.

Les premiers bâtiments rencontrés sont en piteux état, les murs sont tagués de partout, je crains que cette usine ne soit plus qu’un tas de ruine. Néanmoins, je découvre un petit atelier dans son jus avec une jolie meule qui a bien vécue.

L’entrée du bâtiment principal est accueillante : la porte est entrouverte et la lourde chaine n’est pas attachée ! Je déplie discrètement la chaine que je remettrai en place en sortant et je m’engouffre dans l’antre du grand chimiste…

Bien que le démantèlement de l’entreprise ait commencé il y a quelques années, il reste de nombreuses machines, cuves et tuyaux.

L’ancienne usine est implantée depuis la fin du 19ème sur une superficie d’environ 2,5 ha. Elle produisait de l’acide sulfurique et du plomb par grillage de galène. À partir de 1887, le site se spécialise dans la fabrication des produits tartriques utilisés comme agent acidulant dans l’industrie alimentaire et pharmaceutique.

En 2009, la production s’arrête et les salariés se retrouvent à la rue sans aucun plan social. Selon les journaux locaux, les salariés sont convaincus que la direction a laissé pourrir l’usine, la sécurité et les conditions de travail dans le but de s’en débarrasser en réalisant une fructueuse opération immobilière et esquivant de surcroît le délicat problème de la pollution des sols en plomb, arsenic et cadmium…

L’usine est fermée depuis onze ans maintenant mais les toitures restent étanchent à la pluie et on sent que les lieux devaient être dans le même état lorsque les ouvriers y étaient encore : sols défoncés, rouille, vieilles machines et poussière de tartre…

Les bâtiments anciens s’enchaînent et je grimpe les étages jusqu’en haut de la tour en tôle. Ces vieilles cuves ont du cachet mais je fais bien attention à ne rien toucher, même les rambardes des escaliers sont rouillées et brinquebalantes, et peut-être rongées par l’acidité des produits utilisés pendant plus d’un siècle…

À l’extérieur, certains points de vue sont désolants, des bâtiments tombent en ruine, les étages sont écroulés. Pourtant, les cuves massives sont (relativement) en bon état, les graffeurs s’en sont donnés à cœur joie, allant même jusqu’à peindre l’intérieur…

Des tas de bâtiments aux entrées scellées me semblent mystérieux mais le soleil se rapproche de l’horizon, le vent me saisit : il est temps de quitter les lieux et de respirer à nouveau.

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Cet article a 2 commentaires

  1. Avatar
    Lin P

    J’adore tes photos et ce que tu y mets… je pratique l’urbex ethique aussi et ces ambiances sont incroyables !

    Merci de me plonger dans cet univers que j’aime !

    1. Dustadmin
      Dustadmin

      Merci Lin, ton commentaire me fait vraiment plaisir. J’aime ces endroits déserts, abandonnés, chargés d’histoire… et qui finiront rasés un jour ou l’autre. Je garde un œil sur tes photos sur Ig, n’hésite pas à venir de temps en temps sur le site, sinon je suis aussi sur Facebook, ça permet d’avoir le lien direct sur l’article en rapport aux photos. Stay tuned !!

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