Le Perthus est, pour beaucoup d’entre nous, synonyme de tabac, pastis, whisky et autres denrées bien nocives mais indispensables. Pourtant, à quelques centaines de mètres au-dessus du temple de la consommation, se dresse une imposante forteresse qui vaut bien le détour. Le fort de Bellegarde veille depuis le XVIIe siècle sur le col du Perthus, à la frontière franco-espagnole. L’histoire de Bellegarde commence en 1285, lorsque le jeune roi de Majorque Jacques II fit bâtir une tour de surveillance au-dessus du Perthus, équipée pour se défendre de façon autonome. Mais elle restait une simple tour de surveillance, avec ses 20 mètres de haut et ses murs épais de seulement 1,5 mètre. C’est à partir de 1659 et du rattachement du Roussillon au Royaume de France par le Traité des Pyrénées, que naît sa réelle importance stratégique, époque à de guerres ininterrompues entre l’Espagne et la France.
La véritable construction de Bellegarde vient de Vauban, qui intervient d’abord vers 1669 et préconise la poursuite de travaux d’amélioration puis vers 1679, le projet de forteresse pentagonale irrégulière est validé par Louis XIV et les travaux sont engagés. Occupé par l’armée jusqu’en 1918, il accueille ensuite un centre de colonies de vacances. En janvier et février 1939, il est utilisé comme camp d’internement pour les réfugiés espagnols de la Retirada, avant de devenir une prison de la Gestapo. Désaffecté en 1965, il est classé au titre des Monuments historiques deux ans plus tard. Depuis 1972, il appartient à la commune du Perthus.
Le fort possède un puits gigantesque pour permettre de soutenir un siège prolongé : il fait six mètres de diamètre et 62 mètres de profondeur. Il est toujours utilisé par les habitants actuels du fort.
Lors de notre visite, le fort était fermé, nous l’avons donc observé de l’extérieur en contournant les remparts jusqu’au fortin, situé en contrebas, vers le sud.
Le fortin
Le fortin fut construit plus tard pour renforcer la défense des lieux. Il servait de casernement, d’écuries, de poudrière et d’hôpital. On y trouve les restes d’une chapelle, des fours à pain, un puits…
Le site est bien en ruine, contrairement au fort mais il est bien agréable à visiter et n’est pas (encore) vandalisé. Le vent souffle sur les herbes hautes et s’engouffre dans les bâtiments, on a une vue imprenable sur la vallée, on se sent comme investi d’une mission d’observation…
La redoute de Panissars
La redoute de Panissars, située un peu plus loin du fort de Bellegarde, est construite en 1678 et vient compléter la défense de la place forte et la surveillance des cols. Cette petite tour est très photogénique. L’intérieur doit être visitable mais la porte est située a un peu plus de deux mètres de hauteur ! Je n’ai pas tenté le coup, je ne m’attends pas à grand chose à l’intérieur, peut-être un peu de matériel laissé par une asso locale ou une balise de geocaching. De plus nous avons croisé des militaires en pause sandwich, un peu loin…