Pour être allé deux années de suite, passer deux semaines dans les Cyclades en été, la ville d’Athènes est un passage obligé. D’abord parce que nous sommes toujours venus en avion, atterrissage à l’aéroport Eleftherios Venizelos puis bâteaux, de jour ou de nuit pour Andros, Milos, Santorin, Ikaria ou encore Amorgos. Pour le retour, il faut toujours prévoir de passer la dernière nuit à Athènes pour pas se retrouver coincer sur un îlot en pleine mer Egée alors que l’avion est dans deux heures ! Donc à Athènes, il faut y passer au moins une nuit et une journée ou deux même si vous n’avez pas l’intention de passer votre temps à visiter les ruines surpeuplées comme l’Acropole. Au contraire, si vous ne comptez pas y rester, il vaut mieux flâner dans les quartiers du centre, prendre le temps d’observer et ressentir ce mélange grisant d’histoire et d’effervescence, de philosophie et de punk…
Nous sommes allés en Grèce pour la première fois en 2012, quelques années après le début de la crise économique mondiale et surtout après la crise budgétaire grecque de 2009 qui, bien qu’elle soit imputable à la crise mondiale et aux gouvernements grecs successifs, est aggravée par des fonds d’investissements qui ont beaucoup spéculés sur la dette. La Grèce retombe officiellement dans le groupe des pays dits émergents, alors que la presse grecque utilise le terme de « pays submergé ». De plus, depuis 2010, le pays est en première ligne de la crise migratoire qui touche l’Europe.
C’est dans ce contexte que nous avons mis les pieds en Grèce pour la première fois. La fournaise de l’été apaise les luttes, la Grèce reste une des premières destinations touristiques au monde mais sûrement beaucoup moins durant ces années 2009-2013. Notre voyage était prévu depuis longtemps mais nous avions un peu peur de l’opinion des Grecs envers les touristes. Nous avons d’ailleurs eu l’occasion d’échanger à ce sujet avec avec Spyros en 2013, un ex-athénien exilé sur Amorgos depuis quelques années. Il nous a rassuré sur le fait que le tourisme est une des principales ressources du pays et que nous étions vraiment les bienvenus, surtout en cette période de troubles où la fréquentation touristique a connu une forte baisse.
Nous avons approché le bonheur dans les Cyclades et contre toute attente, Athènes la capitale bruyante et indisciplinée nous a fasciné. La résilience des Athéniens est hors norme : malgré la cure d’austérité décrétée par le FMI et la Banque centrale européenne et les conséquences sociales catastrophiques qui en découlent, les privatisations massives, les manifestations durement réprimées et le goût amer d’être un sujet de laboratoire économique, Athènes donne le sentiment de garder son énergie créatrice et son calme olympien.
Découvrir Athènes en été n’est pas facile, la chaleur est difficilement supportable, il fait plus de 40°C et traverser une place en plein cagnard est une véritable épreuve. Par contre, les Grecs savent qu’il faut préserver les arbres en ville et les terrasses dans les petites ruelles à l’ombre sont légion.
Le vieux quartier turc de Plaka et les marchés de Monastiraki envahis par la foule sont incontournables et ne manquent pas de charme. Les quartiers Psyrri et Omonia sont un peu dévasté par la crise mais étant logé à l’excellent hôtel Evripides, nous en avons parcouru les ruelles à la recherche d’une taverna un peu agréable. Nous y avons rencontrés beaucoup de devantures fermés, recouvertes par de superbes graffs.
L’hôtel Evripides, s’il n’est extraordinaire en soit à l’avantage de proposer un bon petit-déjeuner à volonté et bénéficie d’une terrasse avec vue panoramique sur la ville. On y découvre une superbe vue sur l’Acropole, un jardin suspendu, des maisons abandonnées et la vie des habitants du quartier.
Nous n’avons pas eu le temps d’aller à Exarcheia, le quartier bohème et désormais symbole de la résistance grecque à la tyrannie économique et au retour du nazisme. Je ne peux que vous conseiller le livre de Yannis Youlountas (et photos de Maud Youlountas) « Exarcheia la noire : Au cœur de la Grèce qui résiste ». Je pense que c’est une œuvre indispensable pour comprendre ce qu’il s’est passé en Grèce et pourquoi les violentes manifestations qui ont eues lieu à Athènes sont légitimes.
À travers ces deux voyages en Grèce, nous nous sommes pris d’affection pour les Grecs qui traversent une période difficile depuis plus de dix ans maintenant. On prend conscience que des puissances financières peuvent oppresser un état et son peuple comme elles abandonnent usines et ouvriers. Qu’importe la misère, du moment qu’il y a la rentabilité. C’est la loi du capitalisme outrancier et ça pourrait bien nous arriver un jour…