Se retrouver au-dessus des nuages et contempler une mer de coton est une sensation incroyable. Elle est sûrement bien connue des grimpeurs, des randonneurs de haute montagne mais pour ma part, c’est la première fois. Sachant que c’est aussi l’un des ciels les plus purs du monde (en terme de pollution, y compris lumineuse) et qu’il est facilement accessible en voiture (oui, ça pollue…), c’est impensable de venir à La Palma sans vivre cette expérience. El Roque de los Muchachos (« le Rocher des Garçons ») est le point culminant de l’île volcanique de La Palma, dans les îles Canaries. Constitué d’un des rebords de la caldeira de Taburiente, son altitude est de 2 426 mètres. Il est situé dans le parc national de la Caldera de Taburiente à proximité de plusieurs observatoires internationaux. Depuis le sommet, il est possible de voir l’ensemble de l’île de La Palma et en particulier la caldeira, ainsi que les îles de Tenerife, El Hierro et La Gomera.
Au mirador du Roque de Los Muchachos, on peut profiter d’une vue impressionnante sur la gigantesque caldéra volcanique de 1 500 mètres de profondeur qui abrite une forêt de pins canariens plus bas et déclarée parc national. On peut apercevoir le pic du Teide qui dépasse des nuages, au loin mais sur la photo prise au grand angle, ce n’est pas évident. Le tapis nuageux se déverse sur la vallée et le petit sentier en pierre aménagé jusqu’au mirador nous donne l’impression de rejoindre un temple précolombien…
Le toit du monde
Le Roque est l’un des meilleurs endroit du monde pour observer les étoiles. Accessible facilement en voiture, cette zone héberge l’Observatoire Astrophysique del Roque de los Muchachos, que l’on peut visiter la journée. Passer du niveau de la mer à 2 400 mètres en moins d’une heure est assez génial, il faut le dire. Après le mirador, nous nous arrêtons de temps en temps pour figer les télescopes, géants silencieux face à leur terrain de jeu.
Le Telescopio Nazionale Galileo (littéralement en français « Télescope national Galilée »), en abrégé TNG, est le plus grand télescope italien, avec un diamètre de 3,58 mètres. Il a été mis en fonctionnement en 1998.
Le Gran Telescopio Canarias (GTC, « Grand Télescope des îles Canaries »), appelé quelquefois GranTeCan, est un télescope de 10,4 mètres de diamètre et est à ce jour, le plus grand télescope optique du monde. Son miroir principal, conçu et réalisé par l’entreprise française REOSC est entièrement piloté par un système d’optique active, est composé de 36 sections de vitrocéramiques hexagonales mesurant 1,9 m de large chacune, pour une surface totale de 75,7 m2. Il est capable de fournir des images d’une résolution proche de celles prises en orbite par le télescope spatial Hubble.
D’un coût de 130 millions d’euros et de vingt années d’études, le projet GTC est le fruit d’une collaboration entre plusieurs institutions espagnoles (90 %), le Mexique, l’université de Floride (États-Unis), l’Institut d’astrophysique des Canaries (IAC) et le Fonds européen de développement régional de l’Union européenne.
En attendant la nuit, on profite d’un couché de soleil particulier, l’horizon est dégagé mais les nuages recouvrent l’océan. L’atmosphère se refroidit vite et le vent devient vite franchement froid. A une heure d’ici, c’est l’été, tongs et crustacés mais là, j’enfile vite pull, bonnet et coupe-vent pour affronter les éléments. J’ai pu testé quelques photos de la voie lactée à La Palma avant de venir ici mais les conditions n’étaient pas idéal, j’étais en zone trop urbaine et l’éclairage publique, bien qu’assez discret sur l’île (c’est une « starlight reserve »), était génant. Je suis assez impatient de découvrir le ciel nocturne comme pouvait le voir un Français il y a plus d’un siècle !!
Le crépuscule parait interminable mais les étoiles apparaissent pourtant les unes après les autres alors qu’il ne fait pas encore nuit. Au bout d’une heure ou deux, le spectacle est total : je n’ai jamais vu la célèbre Milkyway comme ça ! C’est réellement impressionnant, on a vraiment l’impression d’avoir un dôme lumineux au-dessus de la tête, on voit parfaitement la trainée globuleuse de notre galaxie et des milliards de paillettes autour…
Niveau photo, c’est plus laborieux. C’est ma première vraie tentative de capturer la Voie lactée et je fais face à un premier problème : comme il n’y a pas de lumière nulle part, et que les montagnes sont loin, je n’ai pas de sujet à cadrer dans le viseur ! J’ai bien sûr pensé aux télescopes mais je ne pouvais pas m’approcher trop près et leur balancer la lumière de ma frontale toutes les deux minutes….
Second problème, j’ai un boitier micro 4/3 et mon seul objectif vraiment grand angle ouvre à f4… les images qui en résultent sont utilisables mais il y a beaucoup de bruit ! Ça, je pouvais le prévoir mais je n’avais (encore) prévu d’investir dans un grand angle lumineux.
Dernier problème, il fait bien froid et la séance n’a rien d’agréable ! Le vent souffle, me fouette le visage et j’ai parfois un peu peur que le trépied vacille. En vérifiant les photos, elles sont toutes nettes donc l’appareil n’a pas bougé.
Finalement, après une heure ou deux le nez dans les étoiles, je décide de redescendre sur terre. Nous reprenons la route jusque Puntagorda, un peu frustré par mon expérience photographique et à la fois enivré par cette belle journée passée près des cieux.