C’est sous la grisaille que nous nous rendons ce jour là sur un lieu découvert par hasard sur google map. Il s’agit d’une ancienne friche industrielle qui a été créée au début du XIXe siècle pour fabriquer de la soude. Bien plus tard, la construction d’une gare à proximité développe l’activité de l’usine qui expédie à travers la France et principalement dans le nord, de la soude, du sulfate et des superphosphates. Au début du XXe siècle, a machine est lancée, ça sulfate à tout-va…
Notez que je ne donne pas le vrai nom, ni d’adresse pour préserver la discrétion des lieux. La visite des lieux abandonnés s’effectue toujours sans dégradation, ni effraction. Les ruines et les friches peuvent être dangereuses et je n’encourage personne à les visiter. Chacun sa responsabilité.
Avec l’arrivée d’usines concurrentes dans la région, notre usine stoppe la production de soude et se concentre sur l’engrais : jusqu’à 80 000 tonnes d’engrais sortent d’ici dans les années soixante. Puis c’est le déclin : délocalisations, main d’œuvre étrangère et 1988, cette vénérable machine à polluer les sols ferme ses portes. Soyons rassurés, nos sols seront toujours pollués grâce aux produits fabriqués à l’étranger…
Depuis, il y eut un boulodrome pendant quelques années, la dépollution du site a été entreprise. Divers projets de réhabilitation du site ont été annoncés avec des millions d’euros sur la table. Bon, on est en 2020, la friche est toujours là et visiblement rien n’a bougé !
La visite des lieux commence par les bâtiments annexes, les mieux conservés mais aussi les moins intéressants. Dans la première pièce où je mets les pieds, le sol est recouvert de billes ! Sûrement des fans d’airsoft qui viennent se faire la guerre dans ces ruines…
Game of thrones…
Une fois passé les premiers bâtiments, je découvre petit à petit la taille du site : des bâtiments immenses en pierres et des poutres métalliques s’enchaînent. Les construction qui ont perdu leur toiture ont pris cher et la végétation recouvre le sol. Il reste très peu de machinerie, tout a été récupéré, peut-être volé : quelques robinets, une cuve, des escaliers…
Une pièce singulière contient ce qui ressemble à des fourneaux, il reste une porte métallique massive. La pièce est exigüe et la plateforme prête à lâcher, je préfère aller voir ailleurs.
Le trouve que l’extérieur des bâtiment a encore de l’allure (plus très fière, certes). La grande halle, de construction plus récente avec ses milliers en béton est impressionnante. Je remarque direct les rails au plafond mais aucune trace de wagon…
La dernière partie du site, la plus grande, n’est plus que ruines. Une baraque en bois suspendue menace de s’effondrer à tout moment, au moindre coup de vent. Tout au fond, il reste des pièces couvertes, en bon état, l’une d’elle est d’ailleurs habitée…
Bien qu’en état de décomposition avancée, cette friche mériterait d’y passer un peu plus de temps pour chercher des angles de prise de vue, profiter encore de ces murs de pierres qui ont presque deux siècles. Mais du temps, nous n’en avons plus et la pluie commence à tomber (et oui, même au Far West !), nous repartons en laissant le lieu aux mains de la nature… ou des promoteurs immobiliers !